L’histoire acadienne en est une de résilience et de force. Lorsque les instances britanniques eurent comme mission d’assimiler les acadiens, les communautés acadiennes furent déportées dans 13 colonies anglaises le long de la côte est américaine ou en Angleterre. Plusieurs ont été soit tués, soit sont morts de maladie ou emprisonnés. Peu ont pu y échapper. Le but de cette opération ? S’assurer que les acadiens cessent de parler français et tournent le dos à la religion catholique. Ce que la majorité a refusé de faire.
À la fin de la guerre de 7 ans, la plupart des Acadiens se répartirent ailleurs dans l’espoir de fuir les colonies hostiles dans lesquelles ils avaient été déporté. Certains sont retournés dans leur mère patrie ou se sont relocalisée en Louisiane, au Québec et dans les Maritimes. Ces deux dernières furent les régions qui ont reçu la plus grande vague d’Acadiens. On retrouve d’ailleurs beaucoup de communautés et de familles de descendances dans l’Est du pays. Le sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse en fait d’ailleurs partie.
On le sent bien lorsqu’on visite la province. Les drapeaux flottent fièrement partout sur la devanture des maisons. On entend ici et là le français se parler et les mets sur les menus des restaurants ont des noms qui nous sont familiers.
Si comme moi tu aimes la musicalité de la langue acadienne et cette culture vibrante, je t’aide à en découvrir plus lors de la prochaine tournée dans cette merveilleuse province qu’est la Nouvelle Écosse.
CMA
Si tu as la chance de la venir pendant les festivités du Congrès Mondial Acadien, c’est encore mieux. Le congrès a lieu tous les 5 ans et, un peu à l’image des Olympiques, elle change de région. Les instances doivent appliquer afin de recevoir le congrès chez eux. Cette année, ce fut la belle région du Sud de la Nouvelle-Écosse (Baie-Sainte-Marie, Pubnico, Argyle) qui en fut l’hôte.
Plusieurs activités prenaient place dont les fameuses réunions familiales, moment magique pour discuter avec la grande famille élargie dont certains ne s’étaient jamais vu auparavant. D’ailleurs, lorsque je prenais mes repas au restaurant, j’écoutais discrètement jaser les gens autour de moi et certains phrases revenaient souvent. Comme : Je suis de telle famille qui vient du Massachussets et toi ? Moi, je viens de la Louisiane, mais mon frère habite le Nouveau-Brunswick.
J’adorais voir la convivialité des gens. D’ailleurs, même mon accent me trahissait ici. Habitué de parler en anglais partout lorsque je voyage, on changeait de langue quand on entendait mon petit accent franco derrière mon anglais parfois un peu massacré. C’était à la fois réconfortant et un peu mêlant pour moi. Dans la langue acadienne, c’est un mélange de français et d’anglais que l’on retrouve et je ne sais pas pourquoi, mon cerveau changeait de langue systématiquement aux deux secondes. Je ne savais littéralement plus sur quel pied danser.
Ça adonne bien car la danse et la musique sont une partie importante des traditions et des racines acadiennes. La musique est un impératif et se transmet de génération en génération. C’est un peu l’âme de cette culture. La scénariste Natalie Robichaud disait lors de la présentation de son premier film intitulé Trécarré : à la source du son de la Baie Sainte-Marie
: « Est-ce que ça vous est déjà arrivé, has already happen to you. but you go somewhere, vous allez en kekpart pis vous dites que vous venez de la Baie-Sainte-Marie, you’re from Baie-Sainte-Marie or Clare and people say «Oh yeah there’s a lot of musician there , Oh il y a beaucoup de musiciens à Baie-Sainte-Marie ! » C’est comme un peu weird, Right ?»
Vous comprenez juste par ces quelques phrases l’essence des Acadiens. La musique fortement présente, le ballet entre le français et l’anglais et la musicalité jusque dans les mots. J’adore tellement.
Dans ce court-métrage que l’on peut visionner sur le site de l’ONF, on sentait tellement toute la notion de se tenir ensemble, de se réunir, de n’en faire aussi qu’à sa tête et surtout d’honorer la culture et la tradition des familles acadiennes. Le film finissait d’ailleurs avec une petite note d’espoir sur la jeunesse acadienne qui désire encore perpétuer la musique et la danse ancestrale tout en y mettant un peu de modernité dans ses notes.
C’est tellement ce que j’ai ressenti partout lors de ma visite. Que ce soit dans les conférences offertes lors du CMA que dans les spectacles, les animations, les discussions faites à la volée autour d’un café ou dans les musées visités.
Ce festival est pour moi, une porte d’entrée exceptionnelle pour quiconque veut en apprendre davantage sur la culture en s’y immergeant. C’est littéralement un grand bain culturel aux couleurs du bleu blanc rouge.
N’ayez crainte si votre voyage est planifié lorsque le CMA n’est pas en cours. Les sites historiques et la culture acadienne sont présents à l’année. Vous ne manquerez pas de chose à faire et à voir afin d’en apprendre sur la culture acadienne.
Voici d’ailleurs quelques suggestions :
Tusket Islands
Montez à bord du bateau de Simon Leblanc à Wedgeport et partez à la découverte des iles qui composent Tusket Islands. Ce qui est intéressant avec ce tour de bateau, c’est que vous vous arrêterez sur l’une des iles et dégusterez un bon chowder maison en compagnie du capitaine. Probablement le meilleur chowder que j’ai mangé de ma vie. J’ai tenté en vain d’obtenir la recette. Je vous le dis, j’ai tout essayé! Cette recette est protégée comme un trésor de famille, à mon plus grand désarroi.
Il vous faudra donc faire le tour de bateau ce qui en soit, n’est pas une mauvaise chose. Le tour est intéressant et les paysages à couper le souffle.
Lors de ma visite, Simon et son comparse nous ont aussi gâté avec une prestation musicale folklorique sur le perron de sa nouvelle maison ainsi que 1001 histoires sur l’histoire de leur famille et des lieux. C’est vraiment une expédition complète et intéressante à faire.
Pour réserver un tour, c’est ici : Tusket Island Tour
Village historique acadien
Plus au Sud, à Lower West Pubnico, se trouve le village historique acadien de la Nouvelle-Écosse. Visitez les nombreux bâtiments relatant l’histoire acadienne. Forgeron en démonstration, confection de clou en bois pour les embarcations et histoires colorées vous feront vivre, l’espace d’une visite, la vie des Acadiens de l’époque.
Deux maisons historiques sont aussi à visiter soit la Maison Duon et la Maison Maximin d’Entremont. Prenez le temps de parler aux personnages qui déambulent dans le village et remplissez votre bagage de connaissances historiques.
Petit fait intéressant à savoir, le nom de Pubnico tient son origine des Mi’kmaq. Pogomkook serait la prononciation originale de ce village. Avec la venue des Français et des Anglais, ce nom a évolué dans le temps et s’est transformé en « Pobombcoup » et puis Pubnico. La signification de Pogomkook serait selon le site du village historique acadien « lieu où l’on peut aller pêcher des anguilles en hiver au port en découpant des trous dans la glace ».
Pour savoir comment s’y rendre, c’est ici : Village Historique Acadien
Grand Pré – Parcs Canada
Ce site historique est un incontournable à visiter lors de votre aventure acadienne en Nouvelle-Écosse. Le village de Grand-Pré est un lieu désigné historique depuis 1955. Il est un lieu important de la Déportation des Acadiens.
On y retrouve des bâtiments commémoratifs, des monuments et des vestiges archéologiques prouvant la présence des Acadiens au 17e et 18e siècle. On y trouve également la statut d’Évangéline, ce personnage principal du poème d’Henry W. Longfellow qui relate l’histoire de la déportation.
Si comme moi vous avez été bercé par la magnifique chanson du même nom, vous serez rempli d’émotions lorsque vous serez sur place. Je vous conseille même de vous promener dans le parc en écoutant la chanson et de vous imprégner des paroles pour ressentir toute l’histoire tragique des lieux.
Grâce à votre passe de Parcs Canada, il vous sera possible de visiter la petite église et de profiter des explications du guide pour en apprendre encore plus. Vous pouvez même dormir sur place en tente oTENTik si jamais vous cherchez un hébergement sur les lieux. Une belle façon de visiter l’endroit et de s’en imprégner.
Pour plus de renseignements, c’est ici : Parcs Canada
En passant, non loin de là se trouve un restaurant nommé Longfellow qui, selon moi, sert l’un des meilleurs lobster roll que j’ai mangé dans la région. Il est gourmand, très généreux en portion et parfaitement balancé. Le tout est accompagné de frites exquises et croustillantes. Un arrêt à faire absolument lorsque vous y serez.
Baie Sainte-Marie
Cette région comprend la plus grande communauté acadienne de la Nouvelle-Écosse. Ici, les drapeaux flottent partout et dès que l’on entend un petit accent qui pourrait supposer que l’on parle français, l’anglais tombe et fait place à la langue de Molière.
C’est dans cette région que vous allez pouvoir visiter le plus grand nombre de sites relatant l’histoire acadienne. Il y a même un circuit auto-guidé de 38 sites historiques le long de côtes de la Nouvelle-Écosse. C’est très simple à faire en voiture et plusieurs activités sont offertes ici et là au cours de l’année. Les plages y sont aussi splendides.
Je me suis d’ailleurs arrêter au Parc national de la plage Mavillette , endroit équipé de petites cabanes pour se changer et de toilettes et qui offre de la surveillance à certaines heures pour une baignade en toute sécurité. Cette plage est vraiment splendide. Quoi qu’un peu froide, l’eau y est bonne et on peut y pratiquer nos sports nautiques préférés. Je m’y suis d’ailleurs posée l’espace de quelques heures afin d’emplir mes poumons d’air marin et de raffermir les chairs au contact de l’eau. DU GROS BONHEUR.
Arrêtez-vous manger chez La cuisine Robicheau pour un repas typique. Je vous conseille de réserver puisque le restaurant est très en demande. Le fricot, le gratin et les pétoncles sont incroyables. Gâtez-vous. Si jamais il manque de place, rabattez vous sur la petite cantine Le P’tit Robicheau situé dans le stationnement du restaurant. La poutine au homard y est hallucinante. J’ai tout dévoré sans me faire prier.
Pour digérer le tout, rendez-vous un peu plus loin au Petit Bois, ce réseau de sentiers en nature situé derrière le campus de l’université Saint-Anne. Attention, vous serez probablement un peu surpris au départ du parcours de voir des petites cabanes à oiseaux partout avec des photos sur ces dernières. Ce sont des hommages pour des gens décédés laissés par les proches. Personnellement, je n’en avais jamais vu auparavant et j’ai fait un peu le saut. Je me demandais si j’étais dans un cimetière sans le savoir. Une fois le choc passé, prenez le temps de les observer. Elles sont soigneusement peintes et décorer selon, ce que j’en comprends, au goût et passion des défunts.
Il y a aussi un peu partout des petites roches peintes à la main par les étudiants de l’université désirant laisser une trace de leur passage après leurs études. Dans un autre tournant, vous pourriez aussi y voir des bibelots de lapins ou d’écureuils qui décorent la forêt. C’est très particulier et ça crée une atmosphère complètement différente à la fois surprenante et touchante, voire féérique. Vous pourrez marcher pendant plusieurs heures dans les sentiers et même vous rendre jusqu’à la grève. Vous pourrez en profiter pour vous émerveiller devant le paysage et savourer le son unique des vagues qui se fracassent sur les rochers. Un moment de recueillement et de détente qu’il ne faut pas manquer.
Pour plus de renseignements sur le Petit Bois, c’est ici : Petit Bois
Bref, il y a tant de choses à faire qu’il m’aurait probablement fallu plus de temps pour tout voir et tout apprendre sur la culture acadienne. Je me suis donc procurée quelques ouvrages à lire à la maison pour compléter mon voyage et m’immerger encore plus dans cette culture qui ressemble beaucoup à la nôtre. Non seulement par sa langue, mais par sa convivialité et son désir de préservation de sa culture unique et riche.
Pour en apprendre plus sur ce périple, je vous invite aussi à lire ces articles que j’ai écrit pour vous sur mon aventure en solo de 10 jours en Nouvelle-Écosse .
- 4 hébergements à essayer en Nouvelle-Écosse
- Une cocotte dans les bois
- 10 suggestions de restaurants à essayer à Halifax
- Nouvelle-Écosse : 8 choses à visiter à Louisbourg et les environs
3 réponses
Bonjour Nancy. Ton article est excellent! Il est rempli d’activités mémorables et de nouveautés à découvrir!
Merci beaucoup d’avoir inclu ta belle photo de Denise et Anne lors des festivités du CMA.
Santé à toi!
Anne
Bonjour Nancy. Ton article est excellent! Il est rempli d’activités mémorables et de nouveautés à découvrir!
Merci beaucoup d’avoir inclu ta belle photo de Denise et Anne lors des festivités du CMA.
Santé à toi! Anne Proulx-Séguin
Merci Anne ! C’était un plaisir de vous rencontrer.