Je ne sais pas trop d’où est arrivée cette idée un peu cinglée.
En fait, si j’y pense comme il faut, je pense que c’est entre une tombe et une mortaise funéraire.
« Que dirais-tu Max si, l’été de tes 15 ans, on partait à l’aventure toutes les deux. Choisis un pays et je te paye le voyage. On partira à la découverte d’une autre culture, on mangera des trucs pas possibles et on se fera plein de cartes postales dedans notre tête! Qu’en penses-tu? »
Du haut de ses dix ans, le cœur en mille miettes devant le portrait de son père installé sur une tombe, Max ne réalisait pas vraiment l’ampleur de la chose.
Et pis, c’était dans cinq ans cette histoire. Une éternité pour la poulette, mais surtout 60 mois, c’est long pour garder une promesse vivante et bien réelle.
Même moi, j’ai douté longtemps. Je les regardais ma mère et ma fille explorer le globe terrestre et je me disais que même si ça ne se réalisait pas, bien elles auraient eu du plaisir à s’imaginer voler à l’autre bout du monde, à magasiner leur destination et à se fabriquer des itinéraires tous plus intenses les uns que les autres.
Longtemps, elles ont pensé aboutir au pied des pyramides, rêvé de remonter l’histoire millénaire de ce berceau de la civilisation, se sont vues se baigner dans la mer Rouge et voulu en apprendre plus sur les Pharaons.
L’Égypte, c’était jusque-là qu’elles voulaient voler à l’été 2013. C’était là qu’elles voulaient déposer leurs pénates et vivre ce moment tant rêvé.
Jusqu’à ce que je joue les casse-pieds avec mes hormones de mère poule. « Pas question l’Égypte. Ça brasse trop. Deux filles dans un pays musulman qui bouillonne, je ne suis pas d’accord. La Floride, ça ne vous tente pas? »
Elles ont donc jeté leur dévolu sur la Grèce. Santorin, Mykonos, Athènes seraient donc leur pièce de rechange. Ma poulette et ma mère y ont passé le mois de mai.
Pis je me suis ennuyé popire. Je sais bien qu’elle a eu du plaisir ma grande à 8000 km de ma table à manger, mais bon, ce soir-là, j’avais le cafard. Je sais qu’elle vivait des moments magiques, des instants peu communs pour une ado, mais elle me manquait solide.
Alors, je me suis vengé dans la bouffe.
J’ai fait du poulet à la grecque! Ha ha ha! Ça n’aura pas remplacé mon ado à la table, mais pendant ces quelques minutes, elle m’a semblé moins loin.
Une réponse
Comme il a l'air super bon ton poulet!